Avec le Syndicat de presse agricole et rurale, le député Jean-Pierre Cubertafon a organisé le 28 novembre une soirée à l’Assemblée nationale pour mieux faire connaître les journaux agricoles et cynégétiques aux élus nationaux.
Le Syndicat de la presse agricole et rurale (SNPAR) s’est tourné vers vous pour organiser une soirée à l’Assemblée nationale et présenter ses titres aux élus nationaux. Pourquoi avoir accepté, alors que vos missions, à la commission de la Défense, sont plutôt éloignées des problématiques du SNPAR ?
Jean-Pierre Cubertafon, député de la 3e circonscription de la Dordogne : D’abord, vous l’avez souligné, on est venu me chercher. Pour tout dire, c’est Jean Ricateau, président du SNPAR, qui dirige un titre de la presse agricole en Dordogne, qui m’a parlé de l’action de son syndicat pour faire connaître la presse agricole et cynégétique aux députés et sénateurs. Il m’a expliqué que sa famille de presse était quasi méconnue des élus, y compris sur leur propre territoire. Et, quand ils la connaissent, certains élus ont du mal à faire la différence entre la presse des territoires et la PQR (presse quotidienne régionale, N.D.L.R.). Cela m’a paru étrange car nous, élus, nous avons besoin de communiquer, de faire savoir ce que nous faisons auprès d’une large population. Il m’a donc paru intéressant d’être l’acteur d’un rapprochement entre les responsables de titres de journaux et mes collègues de l’Assemblée et du Sénat.
Vos propos supposent que vous connaissez le titre de la presse agricole de votre département. Quel usage en faites-vous ?
J.-P. C. : Tout d’abord, je suis abonné à Réussir le Périgord depuis longtemps. Plus récemment, j’ai également souscrit à la version en ligne pour avoir l’information le plus vite possible et pouvoir l’intégrer dans ma revue de presse. Je ne voudrais pas paraître flatteur, mais je suis frappé par le sérieux du traitement qui est fait dans ce journal agricole. C’est vrai, je peux déplorer parfois que les sujets en lien avec la politique n’y soient pas plus souvent traités. Mais lorsque je suis cité, ou quand un sujet que je connais bien est abordé dans ce journal, j’apprécie la rigueur du traitement de l’information. En plus, je suis le député du Périgord vert, une circonscription touchée par de nombreuses problématiques agricoles en lien avec l’élevage, la forêt, la trufficulture, l’arboriculture… J’ai besoin de cette presse pour me tenir informé de l’actualité de la profession agricole, puisque, évidemment, je suis souvent interpellé par des exploitants.
Pour vous, quelle est la plus-value de cette presse par rapport aux autres médias ?
J.-P. C. : Je dirais qu’elle comble des vides. Elle est là où les autres ne vont pas ou plus. Quand je me retrouve dans une assemblée générale, une réunion technique où le député est invité, je vois bien qu’il n’y a souvent qu’un seul journaliste et c’est celui du titre de la presse agricole. C’est important pour nous de savoir que ce journaliste est venu chercher l’information à la source, y compris dans des salles des fêtes des plus petits villages, même si l’assistance est peu nombreuse. Cette proximité avec les gens, c’est également ce que je cherche à maintenir en répondant favorablement à un maximum d’invitations. Le pire, ce serait que les gens dans les campagnes se sentent abandonnés par les pouvoirs publics, par leurs élus. C’est pareil avec les journalistes. Ceux qui font l’effort d’aller partout sont parfois les derniers remparts à l’isolement.
Le SNPAR veut que les titres qu’il représente soient mieux identifiés et utilisés par les élus. Vous-même, avez-vous des attentes vis-à-vis des journaux ?
J.-P. C. : Vous savez, nous les élus, on aime bien qu’on nous tende le micro. Pas forcément pour vendre notre sauce, nous ne sommes tout de même pas tout le temps en campagne ! Mais tout simplement pour faire savoir ce que l’on fait. Lors du dernier mandat, j’ai rédigé un rapport sur la ruralité où j’abordais la question ultrasensible de la désertification médicale. Je trouve que les propositions de mon rapport auraient pu être plus relayées dans les médias. J’ai eu des articles, c’est vrai, mais les journaux, toujours en quête de sensationnel, ont tendance parfois à zapper un peu vite des sujets qui mériteraient qu’on s’y attarde. Ce n’est que mon avis, mais je crois que la presse des territoires, qui semble moins courir derrière l’audimat, a une carte à jouer. J’attends d’elle qu’elle aborde des sujets de fond ayant trait à la ruralité. Et évidemment, quand un élu a travaillé sur ce sujet, qu’elle rende à César ce qui est à César.
Propos recueillis par Nelly Fray
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